Épisode 2 – Rémy Queney, portrait d’un homme politique controversé

Par Angèle NIVOL

Rémy Queney, 55 ans dont 18 passés au Quai d’Orsay, défend des positions qui suscitent la controverse. Candidat malheureux aux élections législatives dans la circonscription de Vichy sous la bannière du Rassemblement national, il revendique une approche militante de la politique, tout en jouant un rôle clé dans les coulisses stratégiques du parti de Marine Le Pen.

Rémy Queney et un passant en discussion dans un marché.
Rémy Queney sur un marché de Vichy. Crédit : D. R.

Initialement encarté à l’Union pour un mouvement populaire (UMP) sous la présidence de Nicolas Sarkozy, Rémy Queney a rapidement pris ses distances de la droite traditionnelle pour rejoindre le rassemblement national (RN), séduit par la vision politique de Marine Le Pen. Critique sévère de l’état actuel de la France et défenseur acharné de la souveraineté nationale, notamment en matière culturelle, face au risque supposé de disparition de la culture française, le militant est séduit par la vision politique de Marine Le Pen. Pour autant, « il n’y a pas de repli national chez lui, bien au contraire, assure un de ses proches, parlant sous le couvert de l’anonymat. Il a une ouverture sur le monde qui lui a permis de se rendre compte du déclassement des Français. » Une vision du monde qu’il doit à presque deux décennies passées dans la diplomatie française.

Un cheminement politique atypique

D’ailleurs, Rémy Queney ne se contente pas de porter les couleurs du RN aux élections, il est aussi un membre d’un groupe resté en partie secret qui conseille Marine Le Pen depuis 2015, les Horaces. Fondés par le député européen et ancien officier d’unité parachutiste André Rougé, les Horaces regroupent des hauts fonctionnaires, des experts économiques et des cadres issus de grandes entreprises, dont les noms restent souvent anonymes pour des raisons professionnelles. Rémy Queney y est entré par cooptation, en raison de son expérience dans le domaine des relations internationales. Le groupe a pour objectif de renforcer la crédibilité technique et stratégique du RN, en particulier lors des campagnes présidentielles.

Le goût du terrain et des controverses

Malgré son rôle d’analyste de l’ombre, Rémy Queney aime avant tout être sur le terrain. « J’ai le goût du militantisme, comme les diplomates qui aiment ou non aller sur le terrain, moi, j’adore ça », confie-t-il. Une proximité revendiquée avec les électeurs qui, selon lui, fait de lui un candidat hors du commun. Il se vante d’être « le seul diplomate à être candidat RN », une spécificité qui renforce son image de spécialiste de la politique étrangère tout en solidifiant son lien avec Marine Le Pen et Jordan Bardella, un duo qu’il qualifie de « complémentaire ».

Une implantation locale contestée

Son « parachutage » à Vichy a fait couler beaucoup d’encre, mais, dans son cas, le terme est à prendre avec des précautions. « Le fait de vouloir être dans une ville de laquelle on n’est pas originaire n’est pas un parachutage », commente un proche. Cette circonscription aurait été choisie par affinité personnelle. Il serait « tombé amoureux de la population bourbonnaise ». Pourtant, son implantation locale reste un défi, comme le rappelle son score aux élections : « Il ne lui reste plus qu’à convaincre les deux tiers qui n’ont pas voté pour lui », complète un proche.

Sécurité des femmes et immigration

La sécurité des femmes, liée au problème de l’immigration, serait selon une source proche du concerné une priorité : « Les faits sont là, les chiffres parlent d’eux-mêmes quant à l’insécurité. » Il est aussi bien connu qu’il aurait voté contre l’inscription de l’IVG dans la constitution s’il avait été député à l’Assemblée nationale au moment du vote. Selon un article du journal Mediapart, il serait royaliste. En creusant les relations que Remy Queney entretient avec la presse, notamment en essayant d’entrer en contact avec lui, on constate une défiance envers les journalistes qu’il accuse de se livrer à une chasse aux sorcières contre les élus RN. Enfin, dernièrement il se serait réjoui de l’élection de Donald Trump aux États-Unis.

Angèle Nivol